ANDRI MARCEL
FIHAVANANA, MITAM-PIHAVANANA

ANTANANARIVO
7 NOVEMBRE - 7 DÉCEMBRE

La Fondation H présente Fihavanana, mitam-pihavanana, exposition personnelle de Andri Marcel (de son vrai nom Andrisoa Marcel Josoa Rakotonandrasana), vice-lauréat de la 9ᵉ édition du Prix Paritana.  

Architecte de formation et artiste autodidacte né en 1995 à Antananarivo, où il vit et travaille, Andri Marcel développe depuis 2010 une pratique singulière de la mosaïque à partir de matières recyclées, à la croisée de la sculpture et de la peinture.  

Les tongs usagées, ces sandales de caoutchouc ou de plastique une fois épuisées, deviennent dans ses mains des fragments de mémoire, de parcours de vie. Nettoyées, découpées et assemblées en mosaïque, ces débris composent des visages, des silhouettes et des paysages qui témoignent de la vie ordinaire et de trace d’un sol partagé. Aux morceaux de semelles colorées, Andri Marcel associe les kapoaka, boîtes de conserve de lait concentré rouillées par l’eau de pluie, faisant écho à une autre symbolique : celle de la mesure. À Madagascar, le kapoaka sert à mesurer le riz, le maïs, le sel ou autres produits sur les stands des marchés de quartiers. En intégrant cet objet à ses compositions, l’artiste évoque la valeur du nécessaire, le poids du quotidien et l’équilibre fragile entre subsistance et solidarité.

L’exposition présentée dans le cadre du Prix Paritana 2025 explore la notion de fihavanana, principe essentiel à la cohésion sociale malgache qui désigne l’esprit d’entraide, de solidarité et de réciprocité qui relie les membres d’une communauté. Il fonde les relations humaines sur le respect mutuel et la reconnaissance de l’autre. Dans la société traditionnelle malgache, il s’enracine dans la famille, s’étend au voisinage, puis au village, formant un tissu vivant d’interdépendances. Mitam-pihavanana signifie littéralement « maintenir le fihavanana ». Par cette expression, l’artiste interroge la fragilité de ce lien dans la société contemporaine, marquée par les fractures sociales.  

La technique mixte explorée par Andri Marcel pour la première fois durant sa résidence Paritana fait rencontrer la mosaïque et le bemiray (patchwork). Elle rappelle que la société, comme une étoffe, tient par la réunion de fragments hétérogènes. Chaque pièce de l’exposition devient ainsi une métaphore du lien : rassembler ce qui est brisé, réparer ce qui se défait, maintenir ensemble ce qui reste. Fihavanana, mitam-pihavanana se lit comme un hommage à la persistance du vivre-ensemble. Un appel à retrouver, dans les gestes les plus simples et les matières les plus modestes, la force du collectif et la mémoire partagée d’un monde commun.